vendredi 28 septembre 2012

Formation SVE (Service Volontaire Européen)



En direct de Palerme, sous une chaleur écrasante (35° à l'ombre), je m'apprête à vous expliquer (dans les grandes lignes), la semaine de folie que je viens de passer.

Du 18 au 25 septembre, l'agence nationale du SVE avait prévu une semaine de formation  pour une trentaine de volontaires qui faisaient leur SVE en Sicile ou à Rome, et qui venaient d'un peu partout : Croatie, Pologne, Estonie, Hongrie, Portugal, Allemagne, France, Espagne et Turquie. La formation se déroulait dans un hôtel *** (avec piscine et tout l'tintouin), à 10 min à pieds de Nicolosi. Chaque jours nous avions : de 9h à 9h30 des jeux de prévu pour nous réveiller (ça faisait un peu éveil pour les tout petits), de 9h30 à 13h des cours d'italien (éducation non formelle, on faisait beaucoup de jeux, des activités de groupes...), de 14h à 15h : détente au bord de la piscine !, de 15h à 19h : des activités en groupe sur les thèmes du SVE (apprendre à travailler en groupe, partager nos savoirs et nos connaissances sur nos pays, ouvrir son esprit et ne pas s'arrêter aux stéréotypes de chaque pays, en apprendre plus sur l'Italie, sur l’immigration et sur la mafia...), et enfin un soir sur 2, de 21h30 à 23h nous avions d'autres activités de prévu. Toutes les activités que l'on avait prenait la forme de jeux en équipe de 3 à 6 personnes (de nationalité différente de nous. C'est moins drôle sinon).


Vue de l'hôtel sur l'Etna que l'on peut décerner au fond ! 


Une belle piscine était à notre disposition :)

Je vais juste vous raconter deux activités qui m'ont bien plu.

L'une s'est déroulée le samedi, le thème de la journée était "éducation interculturelle". Au début on devait se mettre avec les personnes de même nationalité (on était 4 français en tout, venant de Paris, Parthenay et Angers), et on devait écrire sur une feuille les stéréotypes de la France, selon les autres pays. Du coup on a dessiné un fromage, une douche barrée (et oui on a la réputation de ne pas souvent se laver!), une bouteille de champagne, une tour Eiffel, un french kiss, un lit avec des billets dedans pour dire que l'on était près de notre argent et enfin on a écris qu'on était considéré comme des gens snobs et froids. Après que chaque pays a fait sa propre feuille, chacun devait écrire la première idée qui lui venait à l'esprit en pensant à un des pays. Je vous avouerai que pour la Hongrie, j'avais pas des masses d'idées du coup j'ai mis "...?". Sur la feuille de la France, on retrouvait souvent écris "snob", "Paris", "franch kiss", "champagne". 
Après avoir fait cela, on s'est mis en groupe de 5 personnes de nationalités différentes, et les organisateurs nous ont donné une feuille avec 3 questions que l'on devait aller poser aux habitants de Nicolosi, ainsi qu'un plan de la ville. Du coup on est parti en vadrouille à Nicolosi pour poser nos questions qui était liées à l'histoire de Nicolosi et au sport. Les questions liées à l'histoire étaient celles-ci "qui était Mario Gemmelario" (=1er vulcanologue qui a beaucoup travaillé sur l'Etna), et "pourquoi Goethe est-il important pour Nicolosi (= car il venait souvent faire des excursions sur l'Etna et passait par Nicolosi, de ce fait, ce serait grâce à lui si l'Etna et Nicolosi ont pu être connu en Europe). Les Nicolosiens étaient plutôt coopérants dans l'ensemble, mais on a eu beaucoup de mal à comprendre les vieilles personnes qui parlaient un espèce de dialecte en machant leur mots (sachant que sur les 5 personnes du groupe, j'était la seule à pouvoir parler italien...). C'était vraiment très sympa d'avoir organisé de telles activités ! Ça nous a permis de rentrer dans le vif du sujet de manière ludique et intéressante !

La deuxième activité qui m'a bien plu était en lien avec la mafia et l'immigration. Pour cela, deux intervenants sont venus parler de leur expérience. Jamal nous a fait le récit des années qu'il a passé à être un immigré clandestin, du voyage qu'il a fait, des difficultés qu'il a rencontré, de la douleur qu'il a éprouvé. C'était littéralement passionnant d'écouter son histoire, un témoignage comme celui-ci on en entend pas tous les jours, ça bouleverse, ça révolte mais surtout ça nous ouvre l'esprit et ça nous fait prendre conscience d'autres réalités, plus âpres, de la vie. Pour faire un rapide résumé, Jamal a quitté l'Afghanistan à 4ans avec son père pour aller en Iran, où il est resté 9ans (de 1984 à 1993). La vie en Iran était très dure car il n'était accepté nulle part, et à l'école tout le monde le montrait du doigt. Il a donc immigré en Grèce où il est resté quelques années, après avoir était serveur, homme de ménage, il a travaillé pour un hôtel, son boulot était de faire de la pub pour celui-ci, chaque touriste en plus pour l'hôtel lui rapportait 2€. Pas besoin de vous dire que sa vie était des plus dures. Il a donc décidé d'aller en Angleterre rejoindre sa soeur. Mais franchir la Manche en étant un clandestin s'est avéré très compliqué, il a été arrêté plusieurs fois par la police française et a séjourné quelques mois en prison. Quand il a enfin pu passer en Angleterre, la vie n'était pas plus facile car il n'avait aucun papiers, donc aucune chance d'aller à l'université, de se trouver un logement... Il a donc voulu se faire de faux papiers, il a était finlandais pendant 3 mois, sud corréen, ou encore grec mais à chaque fois il a été rattrapé par les autorités. Sachant que l'on ne peut demander la naturalisation que dans le premier pays où il a immigré clandestinement : la Grèce. Sauf qu'en demandant la naturalisation, il fallait également rester en Grèce, sauf que Jamal ne voulait pas y rester, la vie était trop dure. Après d'autres péripéties, il est arrivé en Italie, à Rome où il a expliqué sa situation, et il a finalement pu avoir la naturalisation italienne et rester en Italie, il a donc décidé de descendre en Sicile, à Catania. Il habite ici depuis 5ans. Son récit à duré plus d'une heure donc je vous ai vraiment tracé les grandes lignes.
La deuxième intervenante nous a parlé de la mafia sicilienne. Aaaah la mafia sicilienne...! Il y a tellement de choses à dire! La Cosa Nostra est née à Palerme, et a été très puissante dans les années 1980-1990. Elle est surnommée la "piovra" (= la pieuvre) pour ses réseaux tentaculaires, l'honneur, le mensonge, la peur, le proxénétisme, l'argent (évidemment) sont des mots qui peuvent lui être associé. Elle a perdu de son influence dans les années 2000. J'ai appris ce qu'était le pizzo : taxe demandée par les mafieux aux personnes qui veulent ouvrir un nouveaux magasin, un restaurant, ou encore un hôtel. Si les commerçants refusent de payer cette taxe, les mafiosos brûlent leur magasin et les intimident jusqu'à ce qu'ils payent cette taxe.Plusieurs commerçants, isolés, qui ont décidé de se révolter contre ça ont été assassiné par la mafia, mais au jour d'aujourd'hui il existe de plus en plus d'associations anti-mafieuses, de ce fait, les commerçants refusant de payer la taxe peuvent faire appel à celles-ci afin que tous ensemble ils puissent dire non. La mafia n'attaque jamais un groupe uni et solidaire, trop dangereux. 
Si vous avez des questions sur la mafia demandez à Cloé, elle a étudié pendant tout un semestre la mafia sicilienne :D !

Alicia et moi, avec le sac que m'a offert Alicia :)

 Emir (turc), Tibo (allemand), Orestes (espagnol), Alicia (de même) et Alexandra (française), mes chouchous, avec qui je vais partir à Malte au mois de novembre !!

Des fils de laine, tenus par nous 30 (+ les 2 organisateurs et le deux profs), reflétant la sincérité de nos relations.


Ca a vraiment été une semaine incroyable, en seulement 7 jours on a créé des liens forts avec plusieurs personnes, les adieux ont été assez déchirants.
J'ai appri pleins de mots
"Merheba" : bonjour (en turc)
"Tessekur Ederim" : merci (en turc)
"Se caga la perra" : crotte de chien, expression qui se dit quand on est content (en espagnol)
"Servet" : serviette (en turc)
"Fikdich" : "va farculo" (en allemand et en italien) je vous laisse deviner :) ....

J'ai beaucoup ris parce qu'à un moment je devais apprendre à plusieurs personnes un jeu de carte, du coup j'ai choisi le "Trou du Cul", et tout le monde écrivait sur son petit journal intime (qu'on avait du créer pour cette semaine) "Trou du Cul", et ils me demandaient "c'est bien comme ça qu'on le dit?" Je pouffais de rire ^^ !

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