Aujourd'hui, je suis allée au Jardin Anglais pour me détendre un petit peu entre une réunion et une sortie avec des ados de mon centre. Arrivée là-bas vers 11h30.
Les bras étendus de part et d'autre du banc, les jambes étendues sur le devant, je me suis laissée emporter comme une plume dans le beau songe que m'a donné ce jardin.
Je vous laisse imaginer : des confettis colorés qui volaient sur le sol, une odeur d'herbe fraîchement coupée, un soleil de printemps, les oiseaux qui roucoulaient, les bébés dans leurs poussettes, les amoureux se prenant en photo, et pour couronner le tout : un arc-en-ciel au dessus de la fontaine.
La Commission Européenne a lancé un concours vidéo auprès de toutes les organisations de mobilités jeunesses de l'Europe. Le thème était "La citoyenneté européenne".
Mon association de Palerme et mes amis y ont participé,
Palerme et la Sicile regorgent de surprises. Palerme tout d'abord, ville aux milles facettes qui ne dort jamais, la Sicile ensuite pour ses traditions et son passé si riche. En une soirée j'ai pu voyager au coeur de la Sicile et au coeur de Palerme grâce aux charmes et à l'envoûtante musique de Michele Piccione, musicien sicilien de renom. Fils de l'anthropologue Vincenzo Piccione d’Avola, Michele Piccione s'est spécialisé dans l'anthropologie de la musique, et se consacre aux voix du peuple par le biais de la découverte de plusieurs instruments d'antan. Il a notamment joué aux côté d'Ennio Morricone.
Bien décidées à faire quelque chose ce soir, nous avions lu dans la gazette culturelle, avec Mariel (l'estonienne), qu'il y avait un concert (gratuit) à l'intérieur du Musée de la Marionnette, juste en face du port de Palerme. On ne savait pas trop quoi à nous attendre, si ce n'est à un concert de musique sicilienne traditionnelle étant donné la description que l'on avait lu : "Lezione/concerto con Michele Piccione alle percussioni, ciaramelle, cornamuse, marranzani".
Arrivées dans la salle qui ressemblait à ça : (sans les marionnettes sur scène et avec beaucoup plus de monde), nous étions bercées dans une ambiance toute particulière entourées de marionnettes thaïlandaises aux murs et au plafond et d'instruments curieux et biscornus sur scène. La salle s'est obscurcie et un son fort d'une espèce de cornemuse venant du côté droit de la scène a rempli la salle. Quelques instants plus tard Michele Piccione se présentait. Il avait derrière lui plusieurs classes d'instruments : ça allait des types de cornemuses, aux types de flûtes, aux instruments à cordes puis aux tambours. A chaque instrument présenté, il nous faisait un petit historique et nous narrait parfois sa légende (bon quelque fois c'était en sicilien, donc incompréhensible malheureusement...). Et à chaque instrument joué, j'étais complètement bouche bée devant ses prouesses musicales. Il faut dire aussi que je ne sais jouer d'aucun instrument (la flûte au collège m'a longtemps servi d'exemple, mais je me suis fais une raison), du coup dès lors que je vois quelqu'un jouer parfaitement d'un instrument je suis un peu comme ça : *O* Voyez plutôt cette vidéo qui a été tournée à palerme il y a 3 ans, vous pouvez voir dès les premières secondes la cathédrale de Palerme, et après ils se balladent dans la quartier derrière la cathédrale, le quartier du Capo. Michele Piccionejoue de la zampogna di monreale et son collègue du tambours :
La zampogna di Monreale est l'ancêtre de la cornemuse écossaise ! Et oui les siciliens l'ont inventé avant les écossais ! La légende dit que lorsque les Romains ont voulu conquérir la Grande Bretagne vers l'an 50 av JC, ils auraient apporté des zampogna avec eux . J'ai aussi appris qu'il existait une cornemuse espagnole (vraiment similaire à l' écossaise, quoiqu'un peu plus petite).
Après ces petites démonstrations cornemusesques, nous avons eu droit à des morceaux de flûtes et de pipeaux. C'était assez impressionnant et joli à l'oreille surtout lorsqu'il a joué avec deux petites flûtes aux sons très différents en même temps.
Ce qui m'a le plus plu fut sans nul doute le marranzano qui n'est pas un appareil dentaire ni un instrument de torture mais un instrument de musique qui fait un son épatant. Il nous a joué du marranzano mongole, kazakhstan et enfin sicilen.
Et pour finir en toute beauté, Michele nous a présenté différents tambours, avec ou sans couronnes autours, d'origine sicilienne ou arabe. En Sicile on peut trouvé assez facilement ce type de tambours dans les magasins de souvenirs : J'ai été assez bluffée lorsqu'il jouait, c'est sans doute une des seules fois où je suis restée autant de temps la bouche ouverte, les oreilles envoûtées et les yeux béas. On avait l'impression que ses mains dansaient avec légèreté sur le tambours, en l'effleurant du bout des doigts et en caressant la peau qui le recouvrait. Et pourtant il réussissait à émettre des sons tout à fait résonnants :
Il a également joué de ce tambours qui sert notamment à donner le rythme à la Tammorietta, une danse sicilienne :
Michele est devenu un peu notre héros à Mariel et à moi : c'est un musicien-anthropologue, qui refait vivre de vieux instruments, qui a joué avec Ennio Morricone, qui est si intéressant lorsqu'il raconte des histoires, qui anime une salle entière en nous faisant répéter à haute voix "hihan hihan, se no", qui a aussi été l'un des créateurs de la Tavola Tonda, l'endroit où nous faisons la danse africaine tous les mardis soirs... bref, supersuperhéros.
